On August 31st, the French government finally published decrees which alter labour law, for the second time in little over a year. Less rights for workers, more power for employers: that is, in a nutshell, the contents of this new law.
This further social retrenchment goes much further than the previous reform (so-called “El-Khomri Law”), although the El-Khomri Law was explicitly condemned by the United Nations as contrary to France’s international Commitments and against which a complaint has been lodged with the International Labour Organization.
Under the pretext of efficiency – but more so in order to reduce to nil any in-depth discussion and restrict protests – this pro-employer reform has been adopted through a fast-track process, i.e. with Parliament reduced to mere rubberstamping and unions granted a grand total of six hours each for consultation!
Below are the main bones of contention for the CGT:
1. Easier lay-offs
Although the current system already gave employers many options to choose from to terminate contracts and whilst job casualization is a plague for millions of people without any benefits to the economy, this new reform provides for:
- Drastic reduction of severance pay for unfair dismissal. In cases of questioning dismissals with the relevant jurisdictions, the decrees provide for capped compensation. This means that employers will know in advance how much it will cost them, when they violate the law through unfair dismissals! The bigger the firms and the greater their financial means, the easier it will be to include provisions in their budgets, so as to be able to organize dismissals without any real or serious grounds.
The El-Khomri Law already provided for dismissals in cases of a drop in turnover or cash flows, even if only by a few Euros. But that was not enough. In order to remove all “obstacles to recruitment,” Emmanuel Macron is generalising the principle of “throwaway workers.”
- Easier economic redundancies. Whereas until now, multinational firms facing difficulties in France but making a profit elsewhere could not go ahead with economic redundancies, as per the decrees, their international financial standing will no longer be taken into consideration in such cases.
2. Devalued trade union activities
- Depreciation of the role of unions in firm-level bargaining. It will now be possible for bargaining to take place in small firms through referendum, without staff or union representatives. In other firms, the rules differ according to size, but globally, the result remains the same: any firm management can convene a referendum unilaterally. Such a referendum is therefore a major tool against workers, to impose an agreement that would be rejected by majority unions.
- Merger of the current three workers’ representative bodies into a single entity, “the Social and Economic Committee.”
This reorganization will mean more remote representatives, as they will have to deal with affairs at higher levels, thus spending less time spent with workers facing difficulties at the workplace.
The government is quite obviously trying to restrain any opposition, thus curtailing social democracy in our country.
3. Generalized casualization
- The decree will mean more casual contracts: “assignment contracts” are to be generalized. Whereas until now, such short-term contracts were reserved for some specific branches, they will now be introduced to all sectors, the idea being that such contracts terminate at the end of specific missions.
- The development of fixed-term contracts: from now on, it will be possible to increase their duration or renew them at will. We are therefore moving toward the end of permanent contracts in France.
4. Hierarchy of standards
- The El-Khomri Law turned upside the standards that regulate labour law. The new reform is a follow-up to, and an amplification of, that
previous law. Thus, in most areas (bonuses, allowances, maternity leave…), company agreements will take precedence over branch agreement, even if they are less favourable to workers. For instance, a company agreement may provide for less bonuses or longer working time.
If workers refuse changes to their contract of employment, they will automatically be laid-off on “compelling grounds.” Employers might be tempted to use this kind of blackmail to avoid any opposition.Ultimately, the purpose is for employers to be able to negotiate the retrenchments that suit them best. In France, over 50% of workers are employed in small or very small firms – with weak union representation – but they come under branch collective agreements. With the reform, workers will be faced with possible company agreements that are below branch agreements.
This will increase social dumping among French firms.
These decrees marginalize workers’ counter-powers and jeopardise the values and foundations of our social system.
For all the reasons mentioned above, the CGT has called for a day of united action on 12 September. We will remain mobilized, and defend our social rights!
We call upon our trade union friends worldwide to support us on this day of action. •
La Précarité Comme Modèle Social Français: C’est Non!
Confédération générale du travail (CGT)
Le gouvernement a publié le 31 août les ordonnances qui réforment encore une fois le droit du travail en France. Moins de droits pour les salariés et plus de pouvoirs pour les employeurs, voilà comment nous pourrions résumer cette «loi travail XXL».
En effet, cette régression sociale d’ampleur va beaucoup plus loin que les pistes engagées par la dernière loi Travail (dite Loi El Khomri, d’aout 2016) qui a pourtant fait l’objet d’une condamnation explicite par
les Nations-Unies comme étant contraire aux engagements internationaux de la France et qui fait l’objet d’une plainte en cours devant l’Organisation internationale du travail.
Afin de limiter tout débat sur le fond et de restreindre les possibilités de contestation, cette réforme majeure au bénéfice du seul patronat a, sous couvert d’efficacité, été adoptée par une procédure qui
réduit le rôle du Parlement au simple enregistrement et sans aucune concertation avec les organisations syndicales (six réunions d’une heure par syndicat en tout et pour tout!).
Voici dans les grandes lignes pourquoi la CGT rejette fermement ce programme d’entailles profondes au droit du travail:
1. Des licenciements facilités
Bien que les possibilités pour un employeur de rompre un contrat de travail soient nombreuses et que l’insécurité de l’emploi gâche la vie de millions de gens sans bénéficier à l’économie, la loi XXL a prévu:
- Une diminution drastique des indemnités pour licenciement abusif. Ainsi, en cas de contestation d’un licenciement devant les
juridictions, les ordonnances instaurent un plafond d’indemnités qui s’impose alors aux juges. Cela revient à prévoir à l’avance les indemnités versées afin de réduire l’incertitude des employeurs quand ils violent la loi par des licenciements abusifs! Plus l’entreprise est grande avec des moyens financiers importants, plus elle pourra budgéter tranquillement à l’avance des provisions pour licencier sans cause réelle ni sérieuse.
La loi El Khomri permettait déjà de licencier des salarié.e.s en cas
de simple diminution du chiffre d’affaires ou de la trésorerie, même de quelques euros. Mais cela ne suffisait pas. Au nom de la lutte contre les «freins à l’embauche», Emmanuel Macron a voulu généraliser les salarié.e.s jetables.
- Une facilitation des licenciements économiques dans la mesure où ce n’est plus le périmètre mondial qui est pris en compte pour apprécier les difficultés de l’entreprise multinationale qui voudrait licencier mais le périmètre national.
2. Une activité syndicale affaiblie
- Affaiblissement des syndicats dans les négociations d’entreprise. Une négociation en l’absence de délégués syndicaux ou de salarié mandaté dans l’entreprise est désormais possible dans les petites entreprises, et ceci par le biais d’un référendum d’entreprise. Dans les autres entreprises, les règles divergent légèrement en fonction de leur taille mais l’idée globale est la même: l’entreprise pourra convoquer unilatéralement un référendum. Ce référendum constitue une arme qui met les salarié.e.s le dos au mur pour leur imposer un projet d’accord refusé par les syndicats majoritaires.
- La fusion des institutions représentatives du personnel en une instance unique (le Comité Social et Economique).
Cette nouvelle organisation éloignera les représentants de leur base qui
connaissent les salarié.e.s et le terrain, parce qu’ils seront absorbé.e.s dans les instances centrales, d’entreprise ou de groupe. Cette perte de proximité empêchera d’aller voir le travail de près et d’échanger avec les personnels sur les difficultés rencontrées. La volonté du gouvernement de brider toute contestation est très nette, asphyxiant par là-même la démocratie sociale de notre pays.
3. Une précarisation généralisée
- Les ordonnances ont permis de multiplier les contrats précaires avec l’introduction des «contrats de chantier» (qui se définissent comme des contrats qui prennent fin dès que la tâche pour laquelle le salarié est embauché est terminée) alors que jusqu’ici seules certaines branches professionnelles pouvaient conclure ce type de contrat.
- Le recours aux contrats à durée déterminée est facilité car l’allongement de leur durée et leur renouvellement se décident au niveau de la branche. On se dirige ainsi progressivement vers la fin du contrat à durée indéterminée en France.
4. Sur la hiérarchie des normes
- La nouvelle réforme poursuit et généralise l’inversion de la hiérarchie des normes entamée par la loi El Khomri d’aout 2016. Ainsi, dans la plupart des domaines désormais (primes, indemnités diverses, congé de maternité, etc.), l’accord d’entreprise peut déroger à l’accord de branche même s’il est moins favorable au salarié. Par exemple, un simple accord d’entreprise supprimera les primes ou allongera la durée du contrat à durée déterminée.Si le salarié refuse la modification de son contrat de travail, ce sera un licenciement automatique pour un motif incontestable, donc en fait un risque énorme de chantage au licenciement.Il s’agit ici, en fait, de permettre aux employeurs de négocier les régressions au niveau qui leur convient le mieux. En France, 50% des salariés sont dans une petites ou très petites entreprises, là où la présence syndicale est la plus faible mais ils sont couverts par une convention collective de branche. Avec cette nouvelle réforme, ces salariés seront soumis à la possibilité d’accord d’entreprise dérogatoire de façon régressive à la convention collective de branche.
Cette mesure aura pour effet l’amplification du dumping social entre entreprises françaises.
Ces ordonnances marginalisent les contre-pouvoirs des salarié.e.s et aboutissent à une remise en cause profonde des valeurs et du fondement de notre système social.
Pour toutes ses raisons, dans l’unité syndicale la plus large possible, la CGT a appelé à une journée d’action nationale le 12 septembre prochain et restera mobilisée, pour une riposte sociale à la hauteur des enjeux!
Nous appelons nos amis syndicats du monde entier à soutenir notre journée d’action. •